Depuis l’enfance, un souffle intérieur m’appelait.
Dès que mes doigts ont su tenir un crayon, je me suis évadée dans un monde de lignes et de couleurs.
Ce monde-là, c’était le mien. Silencieux, vivant, vibrant.
Mais on m’a souvent rappelée à la réalité — du moins à celle des autres.
On me disait : « Tu rêves trop », « Ce n’est pas la vraie vie », « Tu as mieux à faire »…
Et parfois même : « Je t’interdis de dessiner, occupe-toi autrement. »
Ces mots m’ont blessée. Ils ont semé en moi des doutes, des silences, des enfermements.
Mais au fond, une petite flamme veillait.
Quelque chose en moi refusait de mourir.
C’est cette flamme qui m’a conduite, bien des années plus tard, à la peinture à l’huile.
Une révélation. Une matière vivante, lente, profonde.
Un espace où le temps s’arrête et où l’âme peut respirer.
J’ai appris à regarder autrement.
À écouter la lumière, à entendre les couleurs, à sentir les élans invisibles.
Chaque toile est devenue un pas vers moi-même, un miroir secret, un chant intérieur.
J’ai exploré, j’ai chuté, j’ai appris. Et toujours, j’ai poursuivi.
Aujourd’hui, je ne peins pas pour faire beau.
Je peins parce que c’est ainsi que je parle au monde.
Avec mes silences, mes élans, mes cicatrices et ma joie.
Mon art est le fruit de cette traversée.
Il est né des empêchements, mais surtout de la fidélité à cette part de moi que rien n’a pu éteindre.
Je peins pour offrir. Pour relier.
Pour toucher ce qu’il y a d’essentiel et de vivant, en moi comme en vous.