C’est un réflexe humain, une manière de se situer, de répondre à une émotion immédiate. Et pourtant… la peinture, tout comme l’art en général, nous invite à bien plus qu’un simple jugement.
Face à une toile — surtout une peinture à l’huile, dense de matière et de silence — quelque chose de plus profond peut se jouer, si l’on prend le temps d’écouter. Chaque couche de couleur, chaque trace laissée par le pinceau ou le couteau, est un souffle de l’âme. Ce que l’artiste y a mis ne se mesure pas à l’aune du beau ou du laid, de l’agréable ou du dérangeant. Il s’agit d’une présence.
Dire « j’aime » ou « je n’aime pas », c’est parfois rester au seuil d’un univers que l’on pourrait habiter pleinement. Car certaines œuvres, même celles qui nous déroutent, nous travaillent en secret. Elles éveillent des résonances intérieures, remuent des souvenirs oubliés, posent des questions sans réponse. Elles nous parlent dans une langue que notre cœur comprend, mais que notre mental peine à traduire.
L’art véritable ne cherche pas à plaire.
Il cherche à toucher. À éveiller.
Il n’a pas besoin d’être aimé pour être juste. Il se vit, comme une rencontre silencieuse entre deux êtres, entre deux mondes.
Et parfois, c’est justement dans ce qui dérange que réside la possibilité d’une ouverture.
La peinture à l’huile, avec sa lenteur, ses transparences et ses profondeurs, nous rappelle cela. Elle ne s’offre pas toujours d’un seul coup. Il faut du temps, du silence, une disponibilité intérieure pour qu’elle se dévoile pleinement.
Alors peut-être, la prochaine fois que vous vous trouverez devant une toile, pouvez-vous poser un instant le réflexe du jugement. Ne rien attendre. Ne rien nommer. Juste être là. Écouter. Ressentir. Laisser l’œuvre venir à vous, à son rythme.